Matières premières Peut-être la revanche des produits agricoles en 2006
Plébiscitées par la formidable croissance de la Chine, les "vedettes" 2005 des marchés des matières premières, hors pétrole, devraient quelque peu perdre de leur éclat en 2006, au profit des produits agricoles, selon les experts de "Cyclope".
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Mardi à Paris les experts du Cyclope 2006 -rapport sur les matières premières et autres commodités rédigé par des universitaires et professionnels- se montraient confiants sur l'évolution de la croissance mondiale en 2006, prévoyant un PIB en hausse de 4,5% grâce notamment à la force de l'économie américaine. L'année en cours, "qui promet d'être tout aussi passionnante que l'a été 2005", se présente donc dans la lignée de 2005 marquée par l'envolée des cours du charbon (+125%), du minerai de fer (+71,5%) et de nombre de métaux non ferreux (+31% pour le zinc, +28% pour le cuivre, +10% pour l'aluminium). "Notre scénario pour 2006 est marqué par la poursuite des tensions sur les marchés des commodités dont les niveaux --mesurés en termes d'indices-- resteraient à peu près équivalents à ceux de 2005", prévoit Cyclope. "Tout dépendra du comportement du pétrole. Dans notre scénario, il serait relativement neutre", indiquent les experts. "En fait à eux trois, Chine, Inde et Etats-Unis devraient cette année comme en 2005 contribuer entre la moitié et les deux tiers de la croissance mondiale. Ce sont eux nos véritables moteurs et, pour l'instant, ils ne donnent guère de signes de faiblesse", estime Cyclope.
L'indice global, tous produits confondus, devrait progresser de 10% en 2006 contre 28,5% en 2005, mais en hausse de 4,6% seulement hors pétrole et métaux précieux. Les experts de "Cyclope" n'ont pas oublié le pétrole dont le prix l'an dernier (+42% en moyenne) a dépassé les 70 dollars le baril aux Etats-Unis. Pour 2006, ils tablent sur un Brent à 60 dollars en raison d'une demande soutenue, supérieure à celle de 2005, et à une assez faible augmentation de l'offre. Le pétrole reste à la "merci du moindre accident géopolitique. Une prévision plus honnête tablerait sur une fourchette allant de 50 dollars le baril à ces 100 dollars que dans la folie de l'automne 2005 certains anticipaient déjà", admet Cyclope. L'envolée du brut a par ailleurs masqué le charbon qui a fait des étincelles (+125%) mais aussi l'uranium dont le prix sur le marché libre a triplé en deux ans. Sous pression début 2006 en raison de la crise russo-ukrainienne, le prix du gaz avait déjà explosé à la fin 2005, son cours ayant atteint 100 dollars le baril (équivalent pétrole).
La Chine a été en grande partie responsable de cette envolée des prix, la croissance dans cette partie du monde "ayant encore dépassé toutes les estimations officielles" (+12% voire plus), avec par exemple une production d'acier en hausse de 80 millions de tonnes, équivalente aux productions de l'Allemagne et de la France réunies. De ce fait, "les marchés des commodités sont désormais soumis aux incertitudes chinoises, à la volatilité de sa demande, à la hausse (minerais) tout comme à la baisse (produits agricoles en 2005 du fait de bonnes récoltes), à une offre bien souvent erratique (notamment petits métaux) et même aux comportements hasardeux de ses +traders+", selon Cyclope.
Hormis le sucre (+32%) et le jus d'orange congelé au lendemain du cyclone Katrina à la Nouvelle-Orléans, les produits agricoles ont été les grands perdants en 2005 en raison du niveau exceptionnel des récoltes de 2004/2005. Mais selon les experts de Cyclope, ces produits, soutenus par l'importance de la demande en Asie et au Proche-Orient, devraient prendre leur revanche: le prix du blé progresserait de 25%, celui du maïs de 31% et le soja de 10%.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :